homme regardant carte avec un X

Comment rendre vos parties plus sereines ? La sécurité émotionnelle dans le Jeu de Rôle

Suivez-nous par ici :

Le jeu de rôle a ceci de merveilleux qu’il permet de vivre n’importe quelle aventure, que ce soit entre amis, avec des inconnus lors d’une convention, voire en solo. La seule limite est votre imagination, comme on dit souvent. Et que vous jouiez un combattant flamboyant dans Midnight, un investigateur de l’occulte grisonnant dans L’Appel de Cthulhu ou un petit poney rose, l’objectif reste de passer un moment agréable, quelle que soit l’aventure vécue. Néanmoins, le revers de la médaille, c’est que toutes les situations peuvent se produire, et parfois, elles ne seront pas plaisantes… pour toutes sortes de raisons : fatigue, mauvais souvenir qui refait surface, situation personnelle tendue, etc.

Pour autant, pas d’inquiétude : il est possible de se préparer à ce genre de problème grâce des outils spécifiques, regroupés sous le terme d’outils de sécurité émotionnelle. En dresser une liste exhaustive relève de la gageure, d’autant qu’il en apparaît chaque jour de nouveaux.

Certains sont cependant plus connus que d’autres, au point d’avoir parfois donné lieu à de vives discussions sur le Grand Internet Rôliste, et nous allons les découvrir plus bas.

Ça sert à quoi, la sécurité émotionnelle ?

Eh bien, je ne sais pas pour vous, mais il me semble que l’important, quand on se réunit pour passer un bon moment, c’est de s’assurer que chaque personne passe en effet un bon moment. C’est le principe de base, et nous devrions tous nous accorder sur ce point.

A priori, nous voulons tous que les autres participants rentrent chez eux contents de leur soirée, et impatients de jouer la partie suivante. Pour cela, il faut qu’ils se sentent en confiance à la table, car, malgré le cadre agréable (une table, des amis, des chips et des sodas), il arrive que le récit nous secoue et suscite en nous des émotions intenses. Les rires sont fréquents (je vous le souhaite), mais quand, par exemple, votre PJ halfelin voit le chiot worg mourir sous les coups de la patrouille orque, c’est une tout autre ambiance…

C’est à ça que sert la sécurité émotionnelle : à être certain que tous les participants de la table gardent un bon souvenir de cette partie. Et pour cela, les règles de vie en société nous aident déjà beaucoup.

Mais bon sang, c’est du bon sens !

Je vous vois d’ici : « mais c’est du bon sens, voyons ! ». On est d’accord : si je sais qu’un joueur vient de perdre son animal de compagnie, je ne vais pas mettre en scène le passage à tabac d’un chien. C’est déjà un outil de sécurité émotionnelle, le bon sens.

De la même façon, prévenir des thématiques du jeu, ou au moins de son genre, permet d’avoir une vague idée de ce que les personnages vont y vivre. Par exemple, Midnight est un univers difficile, où un dieu terrifiant a conquis la majeure partie du continent, et les PJ doivent survivre au jour le jour, parfois dans la résistance. On est loin d’une ambiance bon enfant, très loin. D’ailleurs, l’ouvrage contient quelques pages sur la sécurité émotionnelle.

Il arrive en revanche que le bon sens ne permette pas de deviner qu’un sujet va poser un problème, et qu’un malaise imprévu s’installe. Dans ce cas, vous pouvez instaurer l’utilisation de divers outils. Certains servent en amont de la situation problématique, d’autres à y mettre un terme. À vous de trouver celui ou ceux qui conviennent le mieux à votre pratique.

Régulation de vitesse : les lignes et les voiles

Avant de lancer votre campagne de jdr, par exemple durant la session consacrée à la création de personnage, vous pouvez lister, tous ensemble, vos lignes et vos voiles (une idée de Ron Edwards). Le principe est simple :

– les lignes constituent les sujets que vous n’aborderez pas. Du tout. Jamais. Je répète : jamais. Si je ne veux pas voir de golden retrievers, j’en fais une ligne, et il n’y aura aucun golden retriever dans la campagne. Même pas une image.

– les voiles sont les sujets que l’on peut aborder, mais sur lesquels vous jetterez… eh bien, un voile pudique pour les mettre hors champ. Le terrible adepte du culte de Cthulhu pourrait avoir un charmant golden retriever possédé par un esprit maléfique, qui attaque mon personnage et… fondu au noir, scène suivante, merci.

En revanche, si je n’ai pas prévenu que les golden retrievers me donnent des sueurs froides… le MJ pourrait en décrire un de manière trop appuyée, et là… il est trop tard pour alerter !

Ceinture de sécurité : la carte X

Dans ce cas, certains outils servent à arrêter la partie, la scène en cours ou au moins la description qui pose problème, comme une sorte de gros bouton rouge. Le plus connu, et le plus sujet à controverse car il saperait la sacro-sainte autorité du MJ (elle-même sujet à débat et supprimée de certains jeux), reste la carte X, un outil de John Stavropoulos. Présentée dans de nombreux livres de règles, il s’agit d’un morceau de papier sur lequel on trace une croix. Quand la scène devient trop difficile à supporter, il est possible de désigner la carte afin de mettre un terme à la situation en cours. L’élément problématique est retiré de la partie, et on rejoue la scène sans.

homme regardant carte avec un X

Avec la carte X, quand une scène devient trop difficile à supporter, il est possible de désigner la carte afin de mettre un terme à la situation en cours.

D’autres outils de sécurité émotionnelle dans le jeu de rôle

La question de la sécurité émotionnelle est vaste et, pour y répondre, les outils se développent au fil des ans et des pratiques.

Citons par exemple la Vérif OK, qui permet, d’un simple geste de la main, d’interroger le ressenti des joueurs à la table (sans interrompre le fil des discussions) ou encore le système du feu tricolore qui sert à signifier que l’on souhaite poursuivre, ralentir, ou arrêter ce qui se passe dans le récit grâce à un code de couleurs (devinez lesquelles).

Évidemment, certains outils de sécurité émotionnelle (dont le bon sens fait partie, rappelons-le) permettent aussi de réguler les comportements entre joueurs afin de conserver une ambiance ludique à la table, que cette dernière soit physique ou virtuelle.

En conclusion : prenez soin de vous !

Que vous jouiez avec des amis de longue date, avec de nouvelles connaissances ou que vous cherchiez à découvrir le jeu de rôle pour la première fois (retrouvez notre guide), vous êtes tous là pour passer un bon moment : prenez soin de vous et prenez soin des autres comme vous aimeriez qu’ils prennent soin de vous. Mettez en place les outils nécessaires à cette fin, et n’hésitez pas à approfondir la question : le Grand Internet regorge d’articles à ce sujet. Vous pourrez ainsi vous secouer et aborder des thèmes difficiles en toute sécurité. Faites preuve de bon sens avant tout, et ne négligez personne. Vous ne pourrez qu’améliorer votre expérience ludique !

Bon jeu !

Jérôme

Dans mes vies, je fus : samouraï redresseur de torts, trouble-fête vampirique, forgeron-nécromant, héraut du dieu Soleil et bien d’autres encore. Car oui, cher lecteur, chère lectrice, je suis rôliste devant (les Samouraïs de) l’Éternel (et si tu as la référence, tu sais à peu près quel âge est le mien). Fort de ces expériences, je me propose de t’accompagner dans la découverte des jeux qui forment le paysage ludique français afin de te guider dans les choix que tu décideras d’y faire. Alors boucle ta ceinture, ça va peut-être secouer quelque peu, mais on devrait bien rigoler sur le chemin.

Voir tous les articles

D'autres articles de jeux de société