Cthulhu et les jeux de société : une histoire d’amour

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En 1928 une nouvelle parait dans Weird Tales, un magazine encore confidentiel : L’Appel de Cthulhu. Son auteur, Howard Philips Lovecraft, est un individu talentueux, bien qu’amer. Ce qu’il ignore alors, c’est que son récit va traverser les décennies et s’imposer dans la culture populaire. Son imaginaire, sombre et novateur, marqué par les préjugés, enfante d’un univers horrifique qui a essaimé dans tous les domaines, littérature comme… Jeux de société.

Tentacules, dés et plateaux de jeu

Nous l’évoquions dans un article dédié aux jeux de rôle qui ont marqué l’histoire du jeu de société : l’univers de HP Lovecraft est particulièrement effrayant. L’humanité y est un accident, une parenthèse dans le grand vide de l’univers. Nous ne sommes pas la première espèce à « dominer » cette planète… Et nous ne serons clairement pas les derniers. Dans les tréfonds de l’espace, parfois dissimulées dans les glaces de planètes du système solaire, des créatures indescriptibles, pareilles à des dieux, menacent d’éteindre l’espèce humaine comme on soufflerait une bougie.

Lorsque ces monstruosités trouvent un passage vers notre monde, les mortels – des Investigatrices et des Investigateurs malchanceux – en sont quittes pour un épisode d’horreur et d’une lutte désespérée, dont elles et ils émergent, en cas de survie, plus ou moins démentes et déments.

Et c’est ce que vous proposent les jeux de société inspirés du Mythe de Cthulhu !

 

L’Insondable : troubles en haute mer

Embarquez pour une traversée… Mortelle. À bord du USS Atlantica, vous profitez d’un temps clément, jusqu’à ce que le vent se lève, les vagues enflent… Et les rumeurs aussi. Il se dit que des silhouettes horribles suivent le navire, dissimulées par des eaux de plus en plus troubles.

Très inspiré de l’univers Lovecraftien, L’Insondable en reprend les codes : des créatures abominables menacent les mortels, de terribles secrets sont dévoilés et des traitres sont à bord (et ce sont des personnages des joueuses et des joueurs !), motivés à faire couler l’USS Atlantica ! Chaque tour donne lieu à des situations de crise et des choix cornéliens, dignes des récits tendus de Lovecraft et des autrices et auteurs qu’il a inspirés.

Alors, prêtes et prêts pour une croisière en bonne compagnie ?

Les autres passagers de l'USS Atlantica sont toutes ouïes ouvertes !

Les Demeures de l’Épouvante : coopération et colocation

Pour les puristes (il y en a), Les Demeures de l’Épouvante est un indispensable : ce jeu expert capture l’essence même du Mythe de Cthulhu. Tous les fondamentaux y sont : les cultes qui tentent d’invoquer des horreurs cosmiques, les goules qui hantent de vieux cimetières (où tout ce qui est enterré n’est pas nécessairement humain), les grimoires poussiéreux et mortels… Et toutes les difficultés au monde pour rester en vie, sains d’esprit, voire les deux !

Coopérez pour venir à bout des scénarios que propose ce jeu « à l’américaine ». Choisissez votre personnage (certains sont emblématiques de l’univers de Cthulhu), équipez-le d’armes, de sorts ou d’objets nécessaires à l’investigation et affrontez une application qui fait office de « maître du jeu ». Chaque scénario sera l’occasion de tester vos limites et de discuter de vos stratégies pour empêcher, au choix, la fin du monde ou de mourir de façon horrible (et souvent les deux !).

Les Demeures de l’épouvante, une présentation par José, Grand Ancien

Cthulhu : Death May Die – Grands Anciens et petits moyens

Pourtant cette énorme boîte de jeu regorge de matériel ! Des personnages à la pelle, de l’équipement, des sorcelleries impies (à manipuler avec soin), ainsi que les créatures à vaincre tout du long des 6 scénarios. Et c’est là que le bât blesse : cette fois-ci, en plus des monstres « habituels », ce sont parfois des Grands Anciens qui vous feront face. Ces « divinités » sont au cœur du mythe lovecraftien, leur puissance est incommensurable, incompréhensible. L’un d’eux, Cthulhu, a donné son nom à la cosmologie de l’auteur.

Pour les abattre, les renvoyer à leur dimension indicible, les joueuses et les joueurs devront mettre en jeu la santé mentale et la vie de leurs personnages. Chaque jet de dés sera l’occasion de réussir un coup d’éclat, ou de sombrer dans la folie… Ce qui les renforce dans leurs capacités, mais gare aux pathologies qui vont les handicaper. Tout est question de choix et d’opportunité durant les parties de Cthulhu : Death May Die. Coopérez (une fois de plus) pour dévoiler les très rares faiblesses de vos ennemis aux pouvoirs incommensurables, pour espérer avoir une chance, rien qu’une, de les renvoyer à leur tanière !

Le trailer de Cthulhu Death May Die (activez les sous-titres !)

Une plongée au cœur du Mythe de Cthulhu

L’univers de HP Lovecraft a suscité bien des imaginaires et inspiré de nombreuses créations (n’oublions pas, néanmoins, Mary Shelley, à qui nous devons le succès initial du genre fantastique et horrifique). Ses récits, glaçants et pétris de désespoir, sont un véritable terreau dans lequel les créatrices et créateurs de jeux ont pioché… Car après tout, pour mieux conjurer la terreur, il faut parfois s’y confronter. C’est ce qui est au cœur des jeux de société plus ou moins narratifs qui empruntent à l’œuvre de HP Lovecraft.

 

Bureau of Investigation : enquêtes à Arkham – voyage au pays de la terreur

Cette boîte contient tout ce qu’il vous faut pour plonger, tête la première et sans filet de sécurité, dans des enquêtes dont vous vous souviendrez. Ce « Bureau of Investigation », ancêtre du FBI, est le pendant lovecraftien de Sherlock Holmes Detective Conseil, un des indispensables du jeu d’enquête et d’énigmes. Ici, loin du fog londonien, c’est à Arkham, entre autres lieux emblématiques du Mythe, qu’il va falloir suivre des pistes, interroger des suspects et des individus au visage mangé par des yeux (beaucoup trop) globuleux… Le système d’enquête, basé sur la lecture et la prise de décision collective (à moins que vous ne jouiez en solo), vous plonge immédiatement dans l’ambiance du Mythe de Cthulhu : les autrices et les auteurs avaient à leur disposition tout le nécessaire pour vous entraîner à la suite de mystères et de créatures à glacer les sangs des plus blasés des Investigatrices et Investigateurs !

Bureau of Investigation, le trailer

Horreur à Arkham, le JCE : campagnes et immersion

Un jeu de cartes évolutif, c’est avant tout l’assurance de vivre des aventures qui durent dans le temps, développées avec soin et le souci du détail. Alors quand ces histoires prennent place dans l’univers du Mythe de Cthulhu, ces détails peuvent faire la différence pour les Investigatrices et Investigateurs que vous jouez… Entre un internement au sanatorium d’Arkham ou un placement permanent dans son cimetière !

Le JCE d’Horreur à Arkham se décline en de nombreuses campagnes, toutes constituées de scénarios pensés et conçus pour atteindre un dénouement spectaculaire. Les entités les plus surprenantes du Mythe de Cthulhu y croisent un bestiaire plus « commun » (si tant est qu’un Chien de Tindalos a quelque chose de « commun » avec Butor, le beagle de vos voisins), mais ne vous y trompez pas : ces histoires vous entraîneront loin, jusque dans des lieux où nul mortel n’était supposé se rendre… Prêtes et prêts à affronter l’indicible ?

Illustration d'Horreur à Arkham, le jeu de cartes évolutif

Un jeu de cartes idéal pour faire des rencontres !

Horreur à Arkham, le jeu de rôle – une boîte pour s’initier au Mythe

Nous avions abordé l’histoire du jeu de rôle sobrement intitulé L’Appel de Cthulhu, un monument dans sa catégorie. Durant quarante ans, les éditions et itérations se sont multipliées, renouvelant plus ou moins l’intérêt de la gamme et, surtout, permettant aux nouvelles joueuses et joueurs, de découvrir cet univers.

L’Insatiable Abysse, un coffret d’initiation pour le jeu de rôle Horreur à Arkham, rebat les cartes.

En effet, en plus d’être une plongée au cœur du Mythe de Cthulhu et des Années Folles, c’est une nouvelle façon d’aborder cet ensemble : par le pulp. Weird Tales, le magazine qui publia en premier les récits de HP Lovecraft, se réclamait du genre, qui met en scène des situations et des personnages hauts en couleurs, au caractère trempé (hard boil). Contrairement aux Investigatrices et Investigateurs des jeux de société précédemment cités, à l’exception peut-être de Cthulhu : Death May Die, les personnages-joueuses et joueurs ont du répondant. Et certainement une mitraillette dans leur bagage, quand ils entrent dans un speakeasy (bar clandestin durant la Prohibition) pour mener l’enquête !

Si leur santé mentale est tout de même en jeu, dans le jeu de rôle Horreur à Arkham, les personnages sont davantage maîtresses et maîtres de leur destin, ce qui fait toute la différence. Et c’est une façon héroïque de vivre ces années de la Prohibition et le Mythe de Cthulhu, sans perdre en épouvante…

La boîte d’initiation pour le jeu de rôle Horreur à Arkham, l’Insatiable Abysse, est à la fois une excellente introduction pour les personnes qui voudraient découvrir le jeu de rôle… Et une invitation aux vétérans à redécouvrir le Mythe de Cthulhu, sous un nouvel angle !

Illustration du jeu de rôle Horreur à Arkham

Les travaux pratiques des cours "arts & essai" de l'Université Miskatonic sont... Originaux.

Explorer l’horreur cosmique avec les jeux de société

Les œuvres de HP Lovecraft interrogeaient la condition de l’humanité sous bien des aspects. Sa place dans un univers qui nous écrase de son infinité, l’issue, souvent fatale, de son existence et la finalité de ses réalisations. Jouer dans cet univers, y vivre des aventures, c’est aussi l’occasion de s’approprier ces thèmes, ces réflexions et d’avancer en tant qu’être humain. Car après tout, entre deux jets de dés, parts de pizza et fous rire, il y a toujours matière à joindre le fun à l’utile : le jeu de société est un objet culturel à part entière, avec ses bienfaits !

Prenez soin de vous, des autres, de vos êtres chers et jouez !

Thomas

Le Rédac’chef est une créature qui fuit le soleil et le regard des gens. Semi-fongoïde, ce composé organique est un passionné d’encre, dans la peau, sur le papier, même numérique, tout ce qui se lit et s’écrit le fascine. Il en pince pour les chats, les jeux (de société, de rôle, vidéo), le sabre Japonais et toutes ses déclinaisons. On peut le trouver dans les recoins sombres ou en pleine lumière, au Dojo. Il se nourrit de café, de ronronnements et de ses passions.

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Les jeux de société figurant dans l'article

L'Insondable
Les Demeures de l'épouvante
Cthulhu - Death May Die
Bureau of Investigation - enquêtes à Arkham
Horreur à Arkham, le jeu de cartes évolutif
Horreur à Arkham, le jeu de rôle - L'insatiable Abysse

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